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Libération
Reportage

L'impossible oubli

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Après la chute du mur de Berlin, le débat sur le communisme a relancé celui sur le nazisme.
publié le 26 septembre 1998 à 11h46
(mis à jour le 26 septembre 1998 à 11h46)

Jamais les Allemands n'ont autant discuté de leur histoire. «Avec la chute du Mur, on pouvait croire que le passé nazi serait enseveli sous le passé communiste. Or, c'est le contraire qui s'est produit. Les discussions sur les compromissions quotidiennes sous la RDA ont relancé la réflexion sur celles avec le nazisme, et l'ouverture des archives, notamment à Moscou, a aussi permis de mesurer l'ampleur des crimes commis par la Wehrmacht, jusque-là attribués surtout aux SS», explique Klaus Dietmar Henke, directeur de l'institut Hannah-Arendt de Dresde. Cet institut, créé dès 1990 par un vote quasi unanime du nouveau parlement régional, a pour vocation d'étudier «le totalitarisme» sous toutes ses facettes.

Avec une trentaine de chercheurs, il est le premier et le seul du genre dans le pays. Le choix du lieu est significatif: la capitale de la Saxe, complètement rasée dans la nuit du 13 au 14 février 1945 par un bombardement allié dépourvu de véritable raison stratégique (entre 35 000 et 100 000 morts, selon les sources), incarne les contradictions de la mémoire allemande sur les tragédies du siècle. Le coeur de Dresde est un immense chantier, comme d'ailleurs celui des autres villes de l'ex-RDA, mais, là, il ne s'agit pas seulement de noyer sous des tours de verre et d'acier les lugubres blocs de béton hérités de quatre décennies de «socialisme réel».

Reconstruction. Derrière un grillage, protégées par un auvent, des centaines de pierres sont alignées et classées