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Portrait

La sortie ratée du dinosaure Kohl

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Le «chancelier de l'unité» n'a pas su décrocher du pouvoir.
publié le 28 septembre 1998 à 10h34

Rien que déblayer son bureau sera une gageure. En seize ans de séjour à la chancellerie fédérale, Helmut Kohl a eu le temps d'accumuler tout un bric-à-brac de bibelots et de souvenirs. Un aquarium. Une collection de minéraux. De grosses médailles, utilisées comme presse-papiers, donnant à son bureau l'allure d'une table de numismate. Une Madone offerte par mère Teresa. Une photo dédicacée de son ami François Mitterrand. Posté à son bureau dès 6 h 30 le matin, pour n'en partir souvent qu'au milieu de la nuit, Helmut Kohl avait récemment expliqué avoir voulu «installer la pièce comme je l'aime». «Cela ne ressemble pas du tout à un bureau, avouait-il, c'est presque privé.»

Helmut Kohl a souvent raconté avoir parlé au téléphone avec tous les grands du monde, de Ronald Reagan à Boris Eltsine, en contemplant les évolutions de ses poissons dans l'aquarium. Tout ce kitsch lui donnait une aura bien sympathique, simple et rassurante. Jusqu'au faîte du pouvoir allemand, Kohl était resté fidèle à ses passions d'enfance. L'exacte antithèse de Schröder, aussi instable dans sa vie privée qu'en politique. Son malheur est qu'avec l'âge, le collectionneur a de plus en plus donné l'impression d'être devenu lui-même une pièce de musée, emmuré dans ses souvenirs.

Pour sa dernière grande bataille électorale, Helmut Kohl avait misé sur le passé. Dans ses discours, il remontait loin dans le siècle, évoquant les deux dictatures allemandes, le nazisme et le communisme, son frère tué pendant la Seconde