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Libération

L'homme de fer du Liberia à Paris. Taylor cherche à reconstruire un pays où la violence continue.

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publié le 29 septembre 1998 à 10h40

L'ancien chef de guerre et, depuis son élection en juillet 1997,

nouveau président du Liberia, Charles Taylor, a été reçu hier à l'Elysée. La France partage ainsi avec Taiwan, qui a débloqué 3 millions de dollars d'aide en échange de sa reconnaissance diplomatique par l'Etat ouest-africain, le privilège d'avoir accueilli en visite officielle l'ex-rebelle ayant déclenché, à Noël 1989, la guerre civile au Liberia. Après sept années de massacres plutôt que de combats, quelque 150 000 civils ayant été tués et la moitié des 2,5 millions de Libériens ayant fui leur pays, Taylor a été régulièrement élu, à une écrasante majorité, président de l'ancienne République des esclaves américains affranchis. Reprenant à leur compte l'argument souvent invoqué par les diplomates français, selon lesquels «mieux vaut un mauvais chef d'Etat que pas d'Etat du tout», nombre de Libériens ont voté pour Taylor en espérant qu'il allait s'assagir au pouvoir.

Jusqu'à présent, ce n'est pas le cas. La presse est muselée, la corruption s'est généralisée, la Special Security Unit terrorise la population. Se rendant à Paris, Taylor a quitté une capitale où ses hommes viennent de «nettoyer» le fief de l'ethnie krahn, acquis à un autre ex-chef de guerre, le «général» Roosevelt Johnson, appointé ministre du Développement rural en guise de réconciliation. Leur descente, le 18 septembre, a fait près de 300 morts. Avec deux fils mineurs, Roosevelt Johnson a réussi à atteindre l'ambassade américaine à Monrovia; son