Bruxelles, envoyée spéciale.
Un ministre a démissionné, deux gendarmes sont inculpés, les manifestations se succèdent. Il y a une semaine à Bruxelles, Semira Adamu est morte à 20 ans après une tentative de rapatriement forcé par la gendarmerie. Avant son décès, elle était devenue le symbole médiatique de la lutte naissante pour les sans-papiers en Belgique. «On lui parlait tous les jours au centre où elle était retenue. Ele faisait partie de la famille», dit André, membre de l'un des collectifs qui la soutenait. «Maintenant, peut-être, les choses vont bouger. Mais, nous, devant son cercueil, on se rend compte tout d'un coup qu'on ne savait rien d'elle.»
Devant la cathédrale Saint-Michel, où un hommage était rendu samedi à Semira Adamu, Steven Allcock tente de se frayer un chemin dans la foule. Il a 26 ans, l'élégance stricte d'un golden boy et l'ambition de devenir avocat d'affaires. En mars dernier, une corvée tombe sur son bureau. Dans le cadre du pro deo, les commissions d'office obligatoires en Belgique pour les stagiaires, il vient d'écoper du dossier d'une jeune Nigériane en situation irrégulière. Arrêtée dans la zone de transit de Zaventem, l'aéroport de Bruxelles, elle a aussitôt été conduite au «centre fermé pour étrangers», juste au bout des piste d'atterrissage. Là, une centaine d'illégaux attendent, dans un régime de rétention très strict, d'être expulsés ou légalisés.
Mariage forcé. Le jeune Flamand va être le premier à qui cette fille tombée par hasard en Belgiq