A 74 ans, le Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, qui
arrive aujourd'hui à Paris pour une visite de deux jours, accompagné de six ministres, est bien différent de ses prédécesseurs. Après cinquante-cinq ans de combat politique, dont quinze ans d'exil en France, cet opposant a été appelé par Hassan II pour diriger l'alternance prudente dans laquelle le Maroc est engagé depuis le début de l'année. Une expérience qui a tout d'une gageure: ses limites politiques sont fixées par le roi, et la marge de manoeuvre économique du gouvernement est quasi nulle dans un pays où tous les clignotants sociaux sont au rouge.
Dans ce contexte, le Premier ministre marocain ne fait pas mystère de ce qu'il attend de Paris: une aide concrète dans le domaine économique, mais aussi dans celui de l'immigration. «L'alternance dépend en premier lieu du dynamisme de notre gouvernement. Mais elle dépend aussi de l'appui dont elle bénéficiera pour alléger le fardeau de notre dette extérieure» (estimée à 22 milliards de dollars), résume Abderrahmane Youssoufi. Concernant l'immigration, Khalid Alioua, le porte-parole du gouvernement et ministre des Affaires sociales, souhaite qu'on «dissocie le problème des régularisations en suspens (environ 8 000 personnes en France) de celui de la gestion des futurs flux migratoires».
La nouvelle équipe, qui donne des gages de sérieux en suivant une politique économique d'une rigueur toute libérale, ne manque pas d'arguments. Même si la France a déjà conver