La visite que le Premier ministre marocain Abderrahmane Youssoufi a
entamé hier à Paris où il s'est incliné sur la tombe de Jean Moulin avant de rencontrer Jacques Chirac et Lionel Jospin s'annonçait sous les meilleurs auspices. Si ce n'est le lancinant dossier des droits de l'homme qui, loin de dépendre du seul gouvernement, remonte à l'inamovible ministre de l'Intérieur, Driss Basri, et au palais. Le geste annoncé en la matière, depuis Rabat, au moment où Youssoufi entamait, hier, ses entretiens avec les dirigeants français, permet au gouvernement d'alternance de signifier qu'il n'avait pas négligé ce dossier, comme on le lui reproche. Les autorités marocaines, qui s'étaient jusqu'ici refusées à faire la lumière sur les «disparus» des années noires, ont décidé de clore ce dossier en reconnaissant pour la première fois que 70 d'entre eux étaient morts entre les années 60 et 80 et en libérant 28 détenus politiques, tous islamistes. «Les gens décédés vont être déclarés décédés. La remise de certificats de décès et les indemnisations vont suivre», précisait hier le ministre marocain des Droits de l'homme, Mohamed Awajjar, en insistant sur le fait qu'«il a fallu toute la patience du monde et la volonté politique à un très haut niveau pour régler ce problème». Mais cette avancée a un prix puisque deux cas symboliques ne sont pas réglés et ne semblent pas près de l'être: celui de l'opposant Abraham Serfaty, qui réclame en vain de pouvoir rentrer dans son pays, comme celui du