Casablanca envoyée spéciale
Le visage fermé, assis au milieu de quelques banderoles sommaires griffonnées en arabe, souvent de simples pages arrachées à un cahier, ils multiplient les sit-in. A Casablanca, capitale économique et «locomotive» du pays, peu de secteurs y échappent. Ici, loin des fortunes qui se font et gonflent par la grâce du népotisme et de la corruption, loin d'une Bourse qui affiche fièrement trente fonds de placements et une capitalisation sept fois supérieure à 1992, on conteste la fermeture surprise d'une entreprise. Là, le licenciement abusif de syndicalistes. Le phénomène sit-in n'est pas nouveau, mais il tend à faire tache d'huile, d'autant que la police n'intervient plus systématiquement, comme avant 1996. Du moins jusqu'à ces dernières semaines. Car à Salé, ce 24 septembre, les 203 ouvrières qui occupaient une unité de textile depuis juillet ont été évacuées de force par la police. Même scénario, toujours à Salé, contre une cinquantaine de vieux ouvriers de l'usine des Matahine du Sahil et à Agadir, mais cette fois contre des «diplômés chômeurs». «On a besoin de tout.» En entrant en fonction, il y a sept mois, le premier gouvernement d'alternance depuis l'indépendance n'ignorait pas l'ampleur du défi dans un pays à la démographie explosive et socialement sinistré. Face à l'image d'un «Maroc qui gagne», quelques chiffres de la misère suffisent à remettre les pendules à l'heure: plus d'un Marocain sur deux est analphabète; 17% officiellement sont ch