Sydney, de notre correspondante.
Comme Pauline, elle vend du poisson et des frites. Comme elle, par-dessus son comptoir, elle écoute la complainte du chaland: petites phrases sur les Aborigènes «qui tirent leur flemme», ou «les Chinois, oui madame, les Chinois, qui viennent prendre les emplois de nos jeunes»" Dans sa boutique de Homebush, quartier devenu chantier où se construit le site des JO de l'an 2000, Martha avoue de l'affection pour Pauline Hanson, députée sans étiquette mais avec un étendard qui rallie tous les nostalgiques d'une époque, pas si lointaine, où il fallait montrer patte blanche pour pénétrer dans la forteresse australienne. Dans les années 60, les immigrants asiatiques passaient difficilement la frontière et les Aborigènes avaient appris à se taire.
Chasseur de crocodiles. Pauline Hanson a déboulé sans prévenir dans la politique australienne. La veille, encore, à 40 ans, elle débitait du poisson dans son magasin de fish and chips sans se soucier des affaires nationales. Mais en l'espace de quatre ans, cette rousse va enflammer la scène politique. Elle est élue au conseil municipal d'Ipswich, petite ville de l'Etat du Queensland, se rapproche du Parti libéral qui, affolé par la teneur raciste de ses discours, s'en débarrasse rapidement. Qu'importe, c'est en candidate indépendante qu'elle décroche, haut la main, son siège au Parlement fédéral. A Canberra, dans l'ombre de la dame, travaille John Pasquarelli, conseiller et mentor, écrivain et baroudeur, avoca