Zagreb, envoyée spéciale.
Le pape Jean Paul II est arrivé hier en Croatie, sa seconde visite dans ce pays après celle qu'il fit en 1994. La béatification du cardinal Alojzije Stepinac, l'une des figures les plus controversées de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Croatie, qu'il prononcera samedi, ne manquera pas d'exalter les sentiments nationalistes des Croates, restés vifs depuis la guerre d'indépendance. Dès son arrivée, Jean Paul II s'est recueilli sur la tombe du cardinal Stepinac, le prélat sauveur de juifs pour les uns, ou collaborateur des oustachis nazis pour les autres. Le pape, comme le président Franjo Tudjman, n'ont pas ménagé leurs hommages à la mémoire du cardinal, malgré l'émotion dans certains secteurs de l'opinion mondiale, notamment d'organisations juives (lire Libération d'hier). Le pape a décrit le prélat comme «l'un des témoins qui ont illuminé d'une lumière extraordinaire ce siècle qui conclut le deuxième millénaire chrétien». Des dizaines de milliers de fidèles attendaient le souverain pontife devant la cathédrale, dans le centre de Zagreb.
Toutefois, le pape, qui lors de sa première visite, en pleine guerre, avait appelé les catholiques à la tolérance et au pardon, a essentiellement conseillé aux Croates de se tourner vers l'avenir. «Toutes les énergies de la population sont maintenant tournées vers la guérison graduelle des profondes blessures de la guerre, vers une authentique réconciliation entre les groupes ethniques, religieux et politiq