Zhou Guoqiang, un conseiller juridique chinois qui vient de purger
quatre ans dans un camp de rééducation par le travail en Mandchourie, devait se voir décerner, hier soir à Bordeaux, le prix international des droits de l'homme Ludovic Trarieux. Ce prix, créé voilà cinq ans, avait été remis la première année au Sud-Africain Nelson Mandela. L'ancien prisonnier d'opinion, âgé de 43 ans, n'a pu toutefois se rendre en France pour recevoir le prix, «par crainte de se voir interdire de rentrer dans son propre pays par le gouvernement chinois», a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique à Libération. Plusieurs centaines de dissidents sont dans ce cas depuis que Pékin applique, depuis le début des années 90, une politique visant à les pousser à l'exil puis à leur interdire le retour. Zhou s'est impliqué dans le mouvement démocratique pendant l'épisode du «mur de la démocratie» (1978-79), en collaborant au samizdat Aujourd'hui. Il a milité pour la liberté syndicale lors du mouvement de Tian Anmen (1989), à la suite duquel il a purgé six mois de prison. Cofondateur du mouvement de la Charte pour la paix, en 1993, Zhou est condamné sans jugement début 1994 à trois ans de camp, officiellement pour «trouble de l'ordre public», en réalité pour avoir lancé des pétitions et milité pour la liberté syndicale. Une quatrième année a été ajoutée à sa peine pour, selon la police, «tentative d'évasion». Il a été libéré le 20 janvier.
Zhou relate avoir été torturé deux fois à l'électricité «jusq