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Libération

Le nationalisme croate auréolé par la visite papale. Jean Paul II a béatifié le controversé Mgr Stepinac.

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publié le 5 octobre 1998 à 13h22

Marija Bistrica, envoyée spéciale

L'atmosphère oscillait ce samedi matin entre la joie et l'extase. Malgré la brume et la boue, malgré la longue marche pour atteindre enfin le sanctuaire marial de Marija Bistrica où le pape devait béatifier le cardinal Stepinac. «Un martyr du peuple croate et de l'Eglise catholique», lâche un pèlerin. La controverse sur le rôle du prélat pendant la seconde guerre mondiale leur importe peu. «Ces critiques viennent de gens qui ne nous aiment pas», martèle Dragica, une femme de 49 ans qui a fait 25 kilomètres à pied pour accueillir Jean Paul II lors de sa seconde visite en Croatie. En 1994, le pape était venu conforter les Croates, encore meurtris par les blessures de la guerre entre Serbes et Croates, et les appeler au pardon et à la réconciliation. Le message n'est pas passé. «Nous leur avons déjà trop pardonné», lance, l'air pincé, Dragica.

Dans un pays où nation croate et foi catholique sont très étroitement imbriquées, le pape n'a pas réussi à éviter le piège de la récupération politique que lui avait tendu le président nationaliste Franjo Tudjman. Pour le régime, tenu à l'écart de l'intégration européenne et stigmatisé par le monde occidental qui lui reproche ses ingérences en Bosnie, son refus de laisser rentrer les Serbes chassés en 1995 et ses atteintes à la liberté de la presse, la visite papale est interprétée comme une brèche dans son isolement international. C'est d'ailleurs la leçon qu'a voulu en retenir le chef du Parlement, Vlatk