La tension n'est pas nouvelle. Entre une Syrie isolée, sans ami
véritable, inquiète de se voir cernée par l'alliance qui se met en place entre Ankara, Amman et Jérusalem, et une Turquie nerveuse, en période préélectorale, avec une armée visiblement agacée par son impossibilité à éliminer complètement la guérilla kurde, les relations étaient depuis longtemps mauvaises. Cependant, c'est sans raison autre que celles déjà anciennes que le ton entre ces deux pays est subitement monté ces derniers jours, obligeant le président égyptien, Hosni Moubarak, à entreprendre une médiation d'urgence.
C'est Ankara qui s'est brutalement lancé, jeudi, dans la surenchère. Samedi, le ton du président turc, Süleyman Demirel, était même menaçant. «Je lance un avertissement au monde. Je n'avertis pas seulement la Syrie mais le monde entier. Cela ne peut plus continuer», déclarait-il à l'adresse de tous les pays qu'Ankara suspecte d'appuyer les rebelles kurdes du PKK. Il ajoutait que son pays avait même «le droit de riposter à la Syrie», Etat qui, selon lui, «n'a pas abandonné son attitude hostile malgré [leurs] avertissements et initiatives pacifiques». Le Premier ministre Mesut Yilmaz renchérissait en affirmant que «l'armée turque attendait des ordres» pour des opérations contre la Syrie. Auparavant, la presse turque avait annoncé le déploiement de quelque 10 000 soldats le long des 877 kilomètres de frontière entre les deux pays et des mouvements de blindés.
Si Ankara a fait un bon en avant dans