Boutros Harb, député chrétien d'opposition, est le seul candidat à
avoir ouvertement annoncé sa candidature et présenté un programme. Personnalité atypique, il avait réussi aux dernières législatives à se faire élire député en dépit de l'opposition de Damas. Dans une interview réalisée peu avant le choix d'Emile Lahoud, il explique pourquoi il a décidé de se présenter.
Comment jugez-vous l'élection présidentielle et la situation démocratique du Liban?
La situation démocratique est catastrophique. De la démocratie, il ne reste que des traces. Ce qui est bâti sur du faux est faux. C'est le Parlement qui élit le Président. Or, la composition du premier est le fruit de l'intervention du pouvoir et d'une loi électorale qui n'est pas juste. Comme cette loi n'est pas juste, la représentation populaire qui en résulte n'est pas juste non plus. De plus, le Parlement ne joue pas son rôle puisque son président (Nabih Berri, chef du parti chiite prosyrien Amal, ndlr) participe au pouvoir exécutif (avec le président de la République et le Premier ministre, ndlr). Il ne peut censurer le gouvernement. Le système parlementaire est donc à la base de tous les pouvoirs dans l'Etat.
Si les jeux sont déjà faits, pourquoi vouloir être candidat?
Je me trouve dans l'obligation morale de refuser le processus qui est suivi actuellement. L'élection présidentielle est à un carrefour. Ou nous continuons dans la voie habituelle, ou nous effectuons un changement radical pour bâtir un Etat de droit et d'institu