Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Tout serait-il donc pourri à Bruxelles? La Commission, gardienne du temple européen, est sonnée par les révélations en série sur sa gestion approximative, pour rester aimable, des fonds européens: entorses aux règles budgétaires, fraudes, trafics d'influence, pots-de-vin, conflits d'intérêts, contrats douteux. L'effet d'accumulation ne doit pourtant pas dissimuler le fait que l'immense majorité des quelque 15 000 fonctionnaires européens n'a rien à se reprocher et que les cas de fraude ou de mauvaise gestion ne concernent qu'une infime partie d'un budget de 87 milliards d'écus. Néanmoins, personne ne conteste que la Commission ne peut se permettre ce qui est, hélas, le lot commun d'un certain nombre d'Etats européens gangrenés par les «affaires» en tout genre. L'adhésion à l'idée européenne restant fragile, il pèse sur l'exécutif bruxellois une obligation de bonne gestion et de rigueur morale qui exclut les petits accommodements avec la règle. Sentiment d'impunité. Cela, la Commission présidée par Jacques Santer, sous l'influence des pays nordiques, l'a parfaitement compris. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la presque totalité des «euro-affaires» qui font actuellement les choux gras des médias remontent aux années 1992-1995. Autrement dit, aux années Delors. Ce n'est pas un hasard, car Jacques Delors, qui présida l'exécutif bruxellois de 1985 à 1995, fut moins soucieux de gestion efficace que d'accroissement du pouvoir politique