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Libération

La grande peur des fermiers blancs

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En Afrique du Sud, les attaques se multiplient dans l'Etat libre d'Orange. Mandela négocie avec le syndicat pour apaiser les haines ressurgies du passé.
publié le 12 octobre 1998 à 13h50
(mis à jour le 12 octobre 1998 à 13h50)

Heinie Lauwrens n'oubliera jamais ce dimanche-là. «Ils attendaient notre retour de la messe. Une véritable embuscade», raconte ce grand gaillard d'une cinquantaine d'années. «Aux premiers coups de feu, j'ai plongé à terre et hurlé à ma femme et à ma fille de se planquer derrière le mur de la piscine. J'ai sorti mon flingue et j'ai riposté. Les balles sifflaient de tous côtés. J'en ai reçu deux dans le ventre. Je pissais le sang mais j'ai tenu le coup et ils ont fui», dit-il en secouant la tête.

Heinie Lauwrens est un fermier blanc de l'Etat libre d'Orange, une région agricole au centre de l'Afrique du Sud. A perte de vue, des paysages plats et monotones. Quelques fermes viennent rompre la solitude de ces étendues calcinées par le soleil. Il y a quelques mois, cinq hommes sont entrés chez Heinie. «Ils ne venaient pas que pour voler, sinon ils seraient partis avant notre retour, insiste Heinie, ils voulaient nous tuer.» Lui et sa famille ont échappé à leurs agresseurs.

Mobilisation. D'autres furent moins chanceux: 105 fermiers ont été assassinés depuis janvier. Face à cette vague de violence sans précédent, la South African Agricultural Union (Saau), le syndicat des fermiers blancs, a mobilisé ses troupes. «On ne peut pas se laisser égorger comme ça, il faut que le gouvernement réagisse», affirment ses représentants. «Les fermes sont isolées et donc vulnérables. C'est facile de nous attaquer», affirme Peter Retloff, dont la femme a été assassinée voici un mois.