Les catholiques commémoreront chaque année, le 9 août, l'horreur de
la Shoah en même temps que la mémoire de la carmélite allemande Edith Stein, morte ce jour-là dans le camp nazi d'Auschwitz-Birkenau. Telle est l'annonce faite hier par le pape Jean Paul II lors de la canonisation de cette intellectuelle juive convertie au catholicisme. «En célébrant dorénavant la mémoire de la nouvelle sainte, nous ne pourrons pas ne pas évoquer également, d'année en année, la Shoah, ce projet atroce d'élimination d'un peuple qui a coûté la vie à des millions de frères et de soeurs juifs», a affirmé Jean Paul II, souhaitant que le témoignage d'Edith Stein «puisse rendre toujours plus solide le pont de la compréhension réciproque entre juifs et chrétiens». Le souverain pontife a présenté la nouvelle sainte comme une «éminente fille d'Israël et fille fidèle de l'Eglise», puis souligné qu'elle était morte dans les chambres à gaz d'Auschwitz «en tant que juive».
Ces propos visaient à calmer les polémiques suscitées par cette canonisation, perçue par une partie des communautés juives comme une récupération par l'Eglise de la mémoire de la Shoah. En 1987, le pape avait présenté soeur Thérèse Bénédicte de la Croix (son nom dans les ordres) comme une «martyre chrétienne». Indignées, nombre d'organisations juives soulignaient alors que cette philosophe assistante d'Edmund Husserl, féministe engagée, passée à travers l'athéisme, puis convertie, avait été gazée pour son appartenance au peuple d'Israël.