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Libération

Guerre de butins dans l'eldorado congolais. Kabila et les pays voisins accaparent les richesses minières.

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publié le 14 octobre 1998 à 13h59

Laurent-Désiré Kabila a mis la main sur toutes les richesses

minières du Congo, en s'associant en affaires avec les présidents du Zimbabwe et de la Namibie. L'Angola, son autre grand allié militaire, occupe les puits de pétrole dans le Bas-Congo. Un millier de soldats tchadiens, également venus à la rescousse du régime en place, sont payés par le colonel Kadhafi, qui s'offre à bon prix une revanche sur les Américains. Les rebelles, de leur côté, suivront la piste des pierres précieuses après leur victoire à Kindu. Pour faire jonction avec leurs frères rebelles de l'Unita, qui contrôlent 80% des zones diamantifères en Angola, ils poursuivront leur progression vers Mbuji-Mayi, la capitale du diamant au Congo. Les gemmes de Kisangani, sur la boucle du fleuve, sont déjà entre les mains des Ougandais, qui se sont également emparés des mines d'or dans le nord-est. Pendant ce temps, dans toute la «zone libérée» de l'Est, les soldats rwandais déménagent de l'autre côté de la frontière tout ce qui peut être transporté" Bref, si Joseph Konrad revenait au Congo, un siècle après avoir décrit l'arrivée des Européens «au coeur des ténèbres», il qualifierait l'actuelle guerre des parrains de «la plus infâme ruée sur un butin ayant jamais défiguré l'histoire de la conscience humaine».

Côté gouvernement, les apparences légales sont respectées. Le 11 septembre, par décret présidentiel, Kabila a créé un «service d'achat des substances minérales précieuses». L'office de droit public jouit du mono