Samara, envoyé spécial.
Sur la plage qui borde Samara, des baigneurs prennent le soleil au bord de la Volga, après s'être changés dans des cabines sponsorisées par Coca-Cola. C'est l'heure où, sur la promenade qui longe le fleuve, les mariés viennent se faire photographier près des fontaines, délaissant non loin de là, à droite de la gare fluviale, la sculpture abstraite rappelant que Lénine vécut ici entre 1889 et 1893. En cette fin septembre, à plus de 1000km au sud de Moscou, Samara, 1,3 million d'habitants, semble vivre la crise avec philosophie. C'est, bien sûr, un mirage, mais ce n'est pas tout à fait faux non plus. Au coeur d'une région agricole riche, classée par ses avantages dans les toutes premières zones d'investissements par les experts et dirigée par l'entreprenant gouverneur Konstantin Titov, la terrienne Samara a, mieux que Moscou, fait face aux effets dévastateurs de la chute du rouble et compte même en tirer quelques avantages. Tandis que dans la capitale les banques agonisent, Solidarnost (Solidarité), une des cinq grandes banques régionales (sept filiales et cinq bureaux dans la région de Samara) et une des vingt premières banques russes, n'a pas un seul jour fermé ses portes depuis le début de la crise et n'affiche aucune perte. Pas d'orgie de marbre. Solidarité fut la première à payer les GKO (bons du Trésor à court terme et haut rendement) pour les personnes physiques, en roubles (volonté de Moscou), mais avec la possibilité d'acheter des dollars. Ins