Jean Paul II, en vingt ans, s'est imposé comme héraut d'un
catholicisme au sens étymologique, autrement dit, universel. Référence explicite à l'apôtre Paul, le pape s'est voulu un voyageur apostolique insatiable. De cette volonté va naître une stratégie médiatique que d'aucuns ont baptisée «barnum papal» ou «Woodstock de l'Eglise», notamment à propos des Journées mondiales de la jeunesse. Elle sert au souverain pontife pour sortir des dorures lambrissées de la forteresse vaticane. Au moment de son élection, Jean Paul II avait trouvé une Eglise fragilisée autant par la désertification des fidèles que par une remise en question des dogmes, propagée, entre autres, par la théologie de la libération. S'adresser directement aux foules permet de court-circuiter les appareils ecclésiaux locaux, jugés trop en retrait. Mais, surtout, en misant sur son aura personnelle, le pape a réussi à changer l'image de l'Eglise. «Je crois à la valeur des signes», a-t-il confié à Joaquin Navarro-Valls, membre de l'Opus Dei, directeur de la communication du Saint-Siège, pour qui l'évêque de Rome possède «une capacité intuitive pour faire comprendre des choses très complexes par des gestes».
Foules en extase. Le cérémonial télévisuel dessine un catholicisme en harmonie avec les techniques de la modernité. La caméra capte les émotions, transmet les tableaux vivants de foules en extase. Le message évangélique trouve là une forme contemporaine d'incarnation, à base de foi dans la joie, palliant ainsi un m