Srinagar, envoyé spécial.
Ils sont une trentaine d'adolescents assis sous une grande tente kaki de l'armée indienne. Le regard un peu perdu, la barbe naissante, entre 14 et 18 ans, tous étaient sur le point de passer au Pakistan pour y suivre un entraînement au maniement des armes et à la guérilla, lorsqu'ils ont été «sauvés par des proches ou par des soldats». En face d'eux, confortablement installés dans un grand fauteuil, le général R.K. Kaushal savoure son plaisir de montrer que l'armée indienne sait faire autre chose que la chasse aux militants. «Nous avons sauvé ces enfants qui allaient être emmenés contre leur gré au Pakistan. Il y a des intermédiaires qui viennent recruter des militants dans la vallée. C'est le signe que le Pakistan est obligé d'enrôler de force pour continuer à déstabiliser le Cachemire.»
A grand renfort de cartes d'état-major, les officiers indiens ne se lassent pas de raconter comment ils ont réussi à récupérer à temps ces jeunes avant qu'ils ne passent la frontière entre les deux pays. Plus loin, quelques parents venus retrouver leurs enfants posent pour les photographes. La plupart de ces adolescents assurent qu'ils se sont vu proposer une forte somme d'argent avant d'être conduits sous bonne escorte dans les forêts. Battus, menacés, ils ont réussi à s'enfuir. A l'écart, Hilal confie à voix basse qu'il voulait «aller au Pakistan pour s'entraîner. Je suis pour l'indépendance du Cachemire et pour que les troupes indiennes partent. Mais mes parents o