«Il y aura une réflexion d'ensemble. On ne sait pas très bien sur
quoi. Mais une réflexion d'ensemble.» Avec son sens inimitable de la formule pleine de bon sens, Jacques Santer, le président de la Commission européenne, résume parfaitement l'abîme de perplexité suscité par le sommet européen «informel» de Pörtschach (Autriche) des 24 et 25 octobre. La seule chose de sûre est que les Quinze se réuniront. Mais pour quoi faire, ça, c'est une autre paire de manches. Ce Conseil européen a été convoqué lors du sommet de Cardiff, les 13 et 14 juin, pour faire plaisir à Jacques Chirac et Helmut Kohl qui s'étaient fendus, le 8 juin, d'une «lettre commune» destinée à relancer la réflexion sur l'avenir de l'Union après l'échec du Conseil européen d'Amsterdam de juin 1997. On ne peut pas dire que la décision fut prise dans l'allégresse: en particulier, les Autrichiens, qui se préparaient à succéder aux Britanniques à la présidence semestrielle tournante de l'Union, auraient bien voulu éviter cet exercice. Car ce sommet vient beaucoup trop tôt: le traité d'Amsterdam n'est pas encore ratifié, et la plupart des Etats rechignent à rouvrir si vite un dossier explosif alors même que les négociations sur les réformes de la politique agricole commune et des aides régionales (Agenda 2000) patinent. En outre, les élections allemandes ont bouleversé la donne. Gerhard Schröder, le successeur de Kohl, qui ne sera officiellement nommé chancelier que le 27 octobre, a d'ailleurs tout fait pour éviter