Les quotidiens privés algériens font les frais de la lutte de clans
qui, par presse interposée, déchire la haute hiérarchie militaire. Sept d'entre eux n'étaient pas dans les kiosques hier, après avoir décidé, samedi, de suspendre leur parution pour une durée «illimitée», afin de «protester contre la volonté (des autorités, ndlr) d'étouffer la liberté de la presse et l'expression démocratique». Tout a commencé mercredi quand deux imprimeries d'Etat il n'en existe pas de privées dans le pays ont sommé les principaux titres de la presse francophone El Watan, le Matin, la Tribune, le Soir d'Algérie et Liberté de régler leurs créances impayées dans un délai de quarante-huit heures sous peine de n'être plus imprimés. Ce contentieux, qui n'a de commercial que l'apparence, est en réalité hautement politique. Les imprimeurs publics avaient argué du même motif pour débarrasser le pouvoir de la Nation, un hebdomadaire à la liberté de ton particulièrement dérangeante.
C'est le même argument «économique» qui est aujourd'hui cyniquement opposé à ces quotidiens, qui, depuis plusieurs mois, dénoncent avec virulence Mohamed Betchine, le conseiller et ami du chef de l'Etat, Liamine Zéroual, et plus récemment un de leurs proches et ministre de la Justice, Mohamed Adami. Aux yeux de tous les observateurs, ces brûlots à répétition s'inscrivent dans le cadre de la lutte de clans féroce qui oppose la haute hiérarchie militaire à la présidence et qui a amené Zéroual à écourter son mandat de