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Libération

Le président chilien au secours de Pinochet. Eduardo Frei condamne l'arrestation de l'ex-dictateur à Londres.

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publié le 20 octobre 1998 à 12h10

Miami, de notre correspondant.

Comment sonder les reins et les coeurs? La vigueur des protestations chiliennes après la mise en état d'arrestation d'Augusto Pinochet est peut-être le masque nationaliste obligé d'un secret soulagement. Le président chilien Eduardo Frei, un homme d'ordinaire modéré au point de paraître terne, a exprimé une mauvaise humeur officielle en annulant la visite qu'il devait accomplir à Madrid hier après-midi à l'issue de la conférence des chefs d'Etat ibériques et latino-américains de Porto. Démocrate aux convictions insoupçonnables, Eduardo Frei est évidemment tenu par sa fonction de voler au secours d'un parlementaire de son pays ­ Pinochet occupe un fauteuil de sénateur à vie ­, et il lui faut aussi tenir compte de la sensibilité d'une partie de l'opinion publique au Chili, où l'ex-dictateur conserve de nombreux partisans, sans compter la colère de l'armée, acquise à la cause de son chef retraité. Il a donc fermement condamné l'arrestation de Pinochet à Londres, effectuée au mépris du passeport diplomatique que détenait le visiteur, ajoutant que l'action du magistrat espagnol qui l'avait provoquée constituait un déni des institutions chiliennes, seules compétentes pour «juger d'événements qui se sont déroulés au Chili». «Autoriserait-on un tribunal chilien, s'est indigné Eduardo Frei, à monter un procès contre les abus survenus sous le régime autoritaire du général Franco?» Mais plusieurs voix de sa majorité se sont félicitées à Santiago des déboi