Trois ans après l'élection du président Liamine Zeroual, les luttes
de clans au sommet du haut commandement de l'armée ont fait voler en éclats la «construction des institutions démocratiques» que les militaires algériens se targuaient d'avoir «parachevée». La démission, lundi, de Mohamed Betchine de son poste de ministre-conseiller à la présidence, après que le chef de l'Etat eut annoncé, le 11 septembre, qu'il écourtait son mandat de deux ans, et la tenue d'une élection présidentielle anticipée avant fin février 1999, semblent indiquer que le système a fini par avoir raison du tandem présidentiel. Cela n'aura pas été sans mal, ni sans dégâts pour l'image du régime, le grand déballage auquel s'est livrée la presse privée ayant pris ces dernières semaines des allures de cloaque.
Révélations scabreuses. En ce début d'automne, les Algériens, qui croyaient avoir tout entendu au cours du «feuilleton de l'été» nom donné aux échanges virulents auxquels se sont livrés, par presse interposée, l'état-major et la présidence se sont aperçus qu'ils n'avaient encore rien vu ni entendu. Alors que certains responsables menaçaient en coulisse de «sortir leurs dossiers», une cascade de «révélations» scabreuses et la mise en circulation de «placards» numérotés, signés «la Voix du peuple» mais de provenance inconnue, dénonçaient les turpitudes financières et politiques, réelles ou supposées, de hauts responsables: Chérif Rahmani, le gouverneur d'Alger, dont le compte en banque à Paris est l