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Interview

Congo: «La population ressent la guerre comme une torture».

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Refusant de cautionner la rébellion, Jean-Charles Magabe, l'ex-gouverneur du Sud-Kivu, s'est réfugié en Belgique.
publié le 21 octobre 1998 à 12h17
(mis à jour le 21 octobre 1998 à 12h17)

Gouverneur du Sud-Kivu depuis juin 1997, Jean-Charles Magabe n'était pas un partisan frénétique de Laurent-Désiré Kabila. Cet universitaire originaire de Bukavu considérait qu'il avait été élu à ce poste pour reconstruire une région dévastée par la rébellion du même Kabila, fin 1996. Il y a trois mois, une nouvelle insurrection, animée par les pays voisins de la république démocratique du Congo, éclatait au Kivu. Jean-Charles Magabe a jeté l'éponge. Il estime qu'il n'est pas possible de collaborer avec les nouvelles autorités de la région. Il est réfugié depuis quatre jours en Belgique.

Pourquoi avez-vous quitté le Kivu?

Je suis parti, car, comme vous le savez, depuis le 2 août 1998, à l'instigation de l'Ouganda et du Rwanda, certains de nos compatriotes ont lancé une guerre que la population n'accepte pas, une guerre qu'elle ressent comme une torture morale. Nous avons été témoins de toutes les exactions, nous avons été témoins de brimades, de pillages. Exercer les fonctions de gouverneur dans ces conditions-là, c'était cautionner la souffrance du peuple.

Avez-vous été témoin ou avez-vous enquêté sur des massacres dans le Kivu?

Témoin oculaire, non. Les enquêtes sont difficiles à mener dans la mesure où c'est l'armée qui a le pouvoir et que cette armée est dominée par des étrangers. Mais nous avons des informations sûres: nous savons par exemple qu'à Kasika, le chef coutumier et son épouse ont été assassinés par les Tutsis et avec eux des cent