Menu
Libération

«Dans notre pays, tout est anormal, falsifié, perverti». Florilège des règlements de comptes par presse interposée.

Article réservé aux abonnés
publié le 21 octobre 1998 à 12h14

«Rentrez vos chiens, M. Betchine»: jamais les conflits au sommet de

l'Etat ne s'étaient traduits par des invectives, puis des insultes aussi grossières, qui plus est publiquement, c'est-à-dire par presse interposée. Le tout dessine en creux un fonctionnement du système peu reluisant. C'est Nourredine Boukrouh, le chef du petit Parti du renouveau algérien qui, non sans talent, a ouvert le feu en juin. «Cloaque». «Dans notre pays, tout est anormal, falsifié, perverti», écrit-il dans une série d'articles qualifiant le système de «cloaque». «L'époque se caractérise par la fraude, la promotion des médiocres, le rappel des figures honnies du passé, l'achat des hommes et des partis. Le pouvoir ne voit pas les problèmes en termes d'avenir pour tous, mais de durée pour quelques-uns (") C'est toujours l'ancien système qui est en vigueur avec la différence que le paysage est pluraliste et qu'il recrute ses hommes dans la nouvelle génération (") A son incompétence et ses abus se sont ajoutées les discriminations qu'il a introduites au sein de la Nation chaque fois qu'il s'est senti menacé.» Avec l'été, le ton, nettement moins analytique, est devenu édifiant sur le niveau du débat. Après que le quotidien L'Authentique eut affirmé que le directeur du Matin avait «le visage lavé à l'urine», ce dernier lui a renvoyé qu'il «se pliait au rôle de "favorite dans le harem de Betchine», lui promettant une suite «car on prend goût à vous voir fouetté par votre amant». Tabou de la répression.

A l