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Libération

Chères vieilles bulles. Le champagne retrouvé au fond de la Baltique mis aux enchères.

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publié le 22 octobre 1998 à 12h18

La bouteille, en se débouchant, n'a pas fait «plop». Le bouchon

était chevillé comme on dit, c'est-à-dire resserré. Mais le champagne était abondant en bulles et «étonnamment jeune». Alex de Clouet, expert en vins, n'est toujours pas revenu de cette «fraîcheur» et de cette «richesse en bouche». Avec son collègue Claude Maratier, il a été sollicité pour expertiser à l'ambassade de Finlande deux des bouteilles trouvées par 63 mètres de fond en mer Baltique, dans l'épave du Jönköping coulé à l'aube du 3 novembre 1916 par un sous-marin allemand U22. 24 de ces bouteilles doivent être mises aux enchères aujourd'hui chez Christie's à Londres par la société qui a découvert l'épave. Estimation: 5 000 francs pièce. Ce champagne, du Heidsieck Monopole millésimé 1907, était destiné à l'armée impériale russe. La cargaison du deux-mâts comprenait aussi 67 barriques de cognac et 19 fûts de bordeaux. Pratiquement tout a été détruit par l'explosion, et le cognac n'a pas survécu au séjour en mer.

«Un champagne du début du siècle n'aurait jamais tenu aussi longtemps dans une cave», note Alex de Clouet. Tandis que là, entre 0 et 4 °C, l'humidité était maximale (1) et les bouchons n'ont pas été atteints. Ce qui ne veut pas dire que ce champagne soit toujours au goût du jour: sur la collerette, dont des fragments ont pu être retrouvés, il était inscrit «goût américain», ce qui correspond à des champagnes doux (qui accompagnaient le dessert), que nous trouverions aujourd'hui trop sucrés. «Dans ce