Bonn, de notre correspondante.
A la tribune de la salle de presse de Bonn, un monsieur à cheveux gris vante le contrat de coalition négocié avec les sociaux-démocrates. «Continuité», «responsabilité», «renouveau dans la stabilité»" les mots tombent, lourds comme des prestations de serment" Tellement empesés qu'un journaliste allemand s'étonne: «Dis donc, c'est Kohl qui parle là?» L'orateur, qui vend son programme, n'est plus Kohl bien sûr, mais Joschka Fischer, futur ministre vert des Affaires étrangères. Le rebelle du 1968 allemand s'est mué en homme d'Etat, transformant avec lui les verts allemands en parti de gouvernement.
Chaotiques et imprévisibles, les Grünen? Depuis les législatives du 27 septembre, qui leur ont ouvert les portes du pouvoir national, ils souffriraient plutôt du «syndrome de l'élève modèle», ironise Rezzo Schlauch, nouveau chef du groupe parlementaire. D'un coup, le verbe et même la dégaine des responsables du parti se sont raidis. Le mot d'ordre, subliminal, est clair: surtout éviter les faux pas, ne pas gâcher la chance de peser pour la première fois sur le gouvernement de l'Allemagne.
Un congrès ouvert à Bonn vendredi doit sceller la dernière étape de la métamorphose. Les Grünen, nés en 1980 de la convergence du mouvement antinucléaire, du mouvement pacifiste et des groupuscules d'extrême gauche issus de 1968, s'étaient déjà transformés au fil des ans de parti d'opposition radical à parti de gouvernement régional. Le congrès de ce week-end doit franc