Pörtschach (Autriche), envoyé spécial
C'est la seconde mort de Helmut Kohl. Il y a encore quelques semaines, il aurait été inimaginable que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, qui se sont retrouvés ce week-end en Autriche, à Pörtschach, discutent tranquillement de relance économique, de baisse des taux d'intérêt, d'harmonisation fiscale, etc. Bref, du rôle de l'Etat dans l'économie. Le chancelier démocrate-chrétien serait intervenu, et chacun serait rentré dans le rang. Mais, désormais, l'Europe est largement sociale-démocrate et s'assume comme telle. En fait, à défaut d'avoir apporté un quelconque éclairage sur «l'avenir de la construction européenne», thème officiel de ce sommet, Pörtschach aura au moins permis d'officialiser le basculement politique de l'Europe, même si, pour l'instant, on est encore dans le domaine des déclarations de bonnes intentions. Mais, comme on est entre gentlemen, les ruptures se font dans l'élégance: les Quinze ont décidé d'élever Helmut Kohl à la dignité de «citoyen d'honneur de l'Europe».
Désormais, il est clairement affirmé que les priorités européennes ont changé, comme l'a rappelé Tony Blair, «la balance des risques entre inflation et déflation» s'est inversée. «L'accent est désormais sur la croissance et sur l'emploi», au besoin en développant la dépense publique. Certes, il n'est pas question de remettre en cause le Pacte de stabilité, mais personne n'a semblé effarouché par l'idée de l'interpréter en souplesse. En tout état de cau