Moscou de notre correspondante
Vladimir Bredikhin est content. Il vient de parler pendant une demi-heure au ministre. Et celui-ci lui a promis d'étudier en détail son dossier. Historien à la retraite, Bredikhin, 68 ans, était venu demander l'abolition des comités régionaux du Parti communiste. «J'ai la loi pour moi et je veux qu'elle soit appliquée, explique-t-il. En 1992, Boris Eltsine a signé un oukase interdisant non pas le PC mais les comités régionaux qui assurent sa toute-puissance; la Cour constitutionnelle a confirmé la légalité du décret. Il a été un petit peu appliqué, puis plus du tout.»
Depuis deux ans, Bredikhin rassemble des archives, écrit à la Cour constitutionnelle, alerte la presse: en vain. Alors, quand il a lu dans les journaux que les ministres du gouvernement Primakov recevaient chaque vendredi, il s'est présenté à la Maison-Blanche. Avec six autres, il a été retenu pour rencontrer le ministre de la Justice. Vendredi, il était le dernier à passer. Un volumineux dossier posé devant lui, il n'a pas l'air impressionné. Tout juste un peu fier de plaider sa cause devant le ministre.
«Je n'ai pas peur du retour du PC mais de son influence néfaste, dit-il. J'ai moi-même été membre du Parti pendant quarante ans. J'ai menti, et on m'a menti. Comme dit Soljenitsyne, il faut en finir avec le mensonge.» Assis en face de lui, costume vert et cravate scintillante, Oleg Titov, 43 ans, est le patron d'une entreprise de construction d'Evenkiski, en Sibérie. Il y a deux