Santiago correspondance
Le bus approchant de l'avenue Manquehue Norte, dans l'est de Santiago, une passagère d'une quarantaine d'années ose ouvrir son sac. Elle en sort un drapeau chilien de la taille d'un mouchoir et l'accroche au revers de son manteau. Le bus dont elle descend vient de traverser toute la ville, du quartier populaire de San Pablo à la commune très huppée de Las Condes. Ici, elle ne craint aucune réflexion et peut afficher ouvertement son soutien au sénateur Augusto Pinochet, en détention depuis une dizaine de jours à Londres. Elle rejoint l'immense foule venue participer à une «action pour la dignité nationale». Samedi, environ 20 000 personnes ont répondu à l'appel des deux principaux partis de l'opposition de droite, l'Union démocrate indépendante (UDI) et la Rénovation nationale (RN).
«Otage». Les sympathisants de Pinochet brandissent des pancartes demandant le retour au Chili de «l'otage du colonialisme». Rarement sur cette avenue se côtoient des personnes d'origines sociales aussi différentes. Le seul signe de rassemblement est devenu le drapeau national. Et si certains affirment voter à droite et soutenir les dirigeants de l'UDI, digne héritière du régime autoritaire, d'autres expliquent simplement que la Grande-Bretagne et l'Espagne n'ont pas à se mêler de leurs affaires. Pour manifester son indignation, Cristian Labbe, maire UDI de la commune voisine de Providencia, sur laquelle sont situées les représentations diplomatiques de ces deux pays, a pris d