Moscou, de notre correspondante.
Boris Eltsine, 67 ans, n'est plus qu'un président fantôme. En annulant hier in extremis sa visite à Vienne, le Kremlin a bien dû reconnaître la dégradation de son état de santé. A tel point que l'on peut sérieusement s'interroger sur sa capacité à mener son mandat à terme, jusqu'en juin 2000. La veille encore, son entourage le présentait en bonne santé et remis de sa récente bronchite. Les dernières images télévisées n'incitaient pourtant guère à l'optimisme: le Président y apparaissait pâle et bouffi, la voix enrouée.
«Asthénie». Empêtré dans ses mensonges, le Kremlin a préféré laisser Bruxelles annoncer le désistement d'Eltsine au sommet russo-européen de Vienne avant de confirmer la nouvelle. «Le Président souffre d'asthénie (un état de dépression et de faiblesse générale) et ses médecins lui ont interdit» de voyager, indiquait son porte-parole, ajoutant qu'Eltsine devrait «prendre des vacances».
Après sa désastreuse prestation en Asie centrale, son voyage à Vienne était la dernière chance de montrer qu'il était encore capable de gouverner. Le 11 octobre, en Ouzbékistan, on l'avait vu manquer de tomber, signer des documents à grand-peine, puis oublier le texte de son toast lors du dîner officiel. «J'ai beaucoup apprécié ce que j'ai vu et les magasins», avait-il fini par articuler.
A Vienne, tout avait été planifié pour que le Président puisse franchir l'étape. La durée du Sommet, prévu sur deux jours, avait été ramenée à un seul. Epaulé par qu