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Libération

Les Javanais font la chasse aux sorciers. 150 dignitaires musulmans et «dukuns» ont été tués en deux mois.

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publié le 27 octobre 1998 à 12h38

Le 18 octobre, cinq personnes accusées de sorcellerie ont été tuées

par les habitants de la petite ville indonésienne de Turen. L'une d'elles a été battue à mort, une autre brûlée vive et les trois autres décapitées. Leurs têtes ont été empalées sur des piques de bambou et exhibées par des foules en vélomoteurs sur une soixantaine de kilomètres. Le lendemain, trois autres personnes ont subi un sort semblable, selon des témoins cités par la presse locale. Quelques jours plus tard, la police a interpellé 50 habitants. Dans cette région de l'est de Java, au moins 150 «sorciers» et dignitaires musulmans locaux ont été ainsi trucidés au cours des deux derniers mois. Meurtres mystérieux, souvent attribuables à l'hystérie des foules, mais au sujet desquels personne ne s'avance encore à fournir une explication.

Pour autant que les faits soient rapportés avec exactitude par la presse indonésienne, on a découvert des cadavres de victimes disloqués ou mis en pièces, parfois pendus à des branches d'arbres, parfois gisant sur le sol des mosquées. On a parlé de foules d'assaillants armés de machettes, d'épées et de couteaux se jetant sur les dukun (sorciers, chamans), les dignitaires musulmans, voire sur le malheureux chaland. Le 13 octobre, le quotidien Republika rapportait le meurtre d'un enseignant islamique battu à mort par une foule dans la petite ville de Demak. Après que la police eut interpellé trois suspects, 500 habitants se sont rassemblés devant le poste pour réclamer leur libé