Trois jours avant l'invasion de Timor-Est par l'Indonésie, le 7
décembre 1975, José Ramos-Horta quitte le petit territoire fraîchement décolonisé par le Portugal. Le premier gouvernement timorais l'envoie en mission à l'ONU afin de faire reconnaître l'indépendance du Timor oriental. Il arrive trop tard, mais, pendant vingt-trois ans, il n'a jamais cessé de tenter de remplir cette mission. Entre-temps, 200 000 Timorais (sur une population de 800 000) périront dans la répression déclenchée par Djakarta. Aujourd'hui, l'inlassable diplomate estime qu'à la faveur de la banqueroute de l'économie indonésienne, «la victoire est cette fois presque à portée de main». Prix Nobel de la paix (1996) avec Mgr Ximenes Belo, évêque de Dili, capitale de Timor-Est, José Ramos-Horta était récemment de passage à Paris (1). Entretien.
Vous aviez réagi négativement aux propositions indonésiennes du 28 juillet qui accorderaient au Timor oriental un statut de «large autonomie». Votre réponse est-elle plus nuancée aujourd'hui?
J'avais rejeté cette proposition de concert avec Mgr Belo, Xanana Gusmao (le leader de la guérilla timoraise, emprisonné à Djakarta depuis 1992, ndlr) et les militants étudiants, car elle supposait que Timor soit placé sous souveraineté indonésienne. Or nous ne reconnaîtrons jamais l'annexion du territoire par l'Indonésie. En revanche, si cette autonomie est une mesure de transition démocratique contrôlée par l'ONU pendant trois à cinq ans, suivie par un référendum d'autodétermina