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Analyse

Les fruits amers du modèle suisse. Chirac en visite dans un pays en pleine crise identitaire, notamment sur la question de la neutralité.

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publié le 28 octobre 1998 à 12h45

Genève, de notre correspondant.

Il y a des années, Jacques Chirac, alors ministre, avait inauguré à Genève un nouvel accélérateur de particules au Centre européen de recherche nucléaire (Cern). Aujourd'hui, c'est tout le système politique suisse qui est sous le coup de brusques accélérations. Le fameux consensus helvétique ­ l'armée, la protection civile, la neutralité, la version locale du capitalisme social, l'isolement splendide" ­, tout ce qui faisait la singularité profonde de la Suisse au milieu de l'Europe, est en train d'être revu.

Certes, les esprits ne sont pas encore en ébullition et la vieille ville de Berne reste toujours aussi assoupie comme le constatera peut-être Jacques Chirac, en visite aujourd'hui et demain en Suisse. Il n'empêche. Pour la première fois, un sondage révèle qu'une majorité de Suisses n'est plus partisane de la «formule magique», ce mode de gouvernement consensuel où deux sièges étaient réservés aux socialistes, deux aux radicaux, deux aux démocrates-chrétiens et un à l'Union démocratique du centre (UDC). Or, cette coalition a été la clef de voûte du système politique suisse depuis l'entrée du premier socialiste au Conseil fédéral fin 1943, puis d'un deuxième dans les années 50.

Gouvernement divisé. Les électeurs sont lassés d'une formule qui a perdu toute magie et qui devient le lieu de toutes les contradictions de la vie politique helvétique. Sur la plupart des grands sujets, le gouvernement est divisé et paralysé. En 1992, lors du vote sur l