Elles ont mal passé l'été. Fin juillet, les «environ 350000
personnes au Sud-Soudan en danger de mourir de faim avant la fin de l'année» avaient fait parler d'elles. On apprenait alors, par exemple, que dans la localité d'Ajiep, où quelque 17500 déplacés de guerre s'étaient réfugiés, 120 civils s'éteignaient chaque jour d'inanition, dont une cinquantaine d'enfants. Le taux de mortalité y était de 80%. Aujourd'hui, il est toujours de 50%, malgré des tonnes et des tonnes d'aide alimentaire apportées depuis. Pourquoi n'en parle-t-on plus? D'abord, parce que la guerre au Congo-Kinshasa a volé la vedette aux Soudanais affamés. Or, il n'y a désormais de place que pour une seule «histoire» africaine" Ensuite, parce que les organisations humanitaires, qui avaient roulé le tambour de la compassion, n'ont aucun intérêt à une évaluation indépendante de leur action au Soudan. Hésitante au début, elle a fini par être techniquement impressionnante, tout en produisant de piètres résultats: les plus vulnérables sont morts, les rescapés n'ont été sauvés qu'au prix d'un déversement aveugle de nourriture, qui a surtout profité aux sédentaires les «forts» et aux chefs de guerre, à l'origine du problème. L'opération d'aide a été prise en otage par les maquisards sud-soudanais. C'est la troisième raison du silence: les détournements ne gênent pas les principaux bailleurs de fonds, à commencer par les Etats-Unis, tant qu'ils se font au détriment du régime islamiste de Khartoum.
L'Armée populai