C'est une décision bien britannique. Au nom de «l'immunité
souveraine» dont bénéficient, selon elle, les chefs d'Etat, la Haute Cour de justice de Londres a invalidé hier le mandat d'arrêt délivré à l'encontre d'Augusto Pinochet. Le droit interne anglais est en effet un «droit étrange qui protège la monarchie avec une notion de pouvoir divin, héréditaire, ce qui explique que cette protection aille au-delà de la fin des fonctions. Il est paradoxal d'observer qu'avec ces règles les juges anglais en viennent à protéger Pinochet», analyse Me Bernard Prévost. Bataille juridique. Ce n'est donc pas grâce à son passeport diplomatique que l'ancien dictateur, contrairement à ce qu'invoquait sa défense, a remporté une bataille juridique hier. Car ce passeport ne démontre pas la qualité du diplomate qu'il prétend être. Les règles internationales édictent bien l'immunité des diplomates et du personnel consulaire, mais cette qualité ressort d'une liste précise déposée par les ambassades dans les pays d'accueil. Ce n'est pas non plus sa qualité de sénateur à vie au Chili qui le protège en Angleterre un sénateur n'est pas un diplomate mais bien son ancienne fonction de chef d'Etat. Ce n'est pas non plus le droit international qui lui vaut cette faveur: aucune règle internationale ne garantit l'immunité aux chefs d'Etat et aux souverains. «La meilleure preuve, c'est que Karadzic, qui a été président de l'autoproclamée République serbe de Bosnie, ne peut plus sortir de son pays, par peur