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Première victoire de Pinochet à Londres. La Haute Cour a jugé l'arrestation de l'ex-dictateur illégale et qu'il ne pouvait être extradé en Espagne. Le général reste sous contrôle de la police en attendant l'appel.

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publié le 29 octobre 1998 à 12h50

Londres, de notre correspondant.

Le général Pinochet a gagné. Le dictateur chilien devrait échapper à la justice. La Haute Cour britannique a jugé hier que son arrestation à Londres était illégale et qu'il ne pouvait pas être extradé en Espagne. Compte tenu de l'importance du cas, la Haute Cour, un tribunal formé des plus hauts juges du Royaume et indépendant du gouvernement de Tony Blair, a néanmoins décidé que l'affaire méritait appel et que le dictateur chilien, en attendant, devait rester sous contrôle de la police. Augusto Pinochet, qui dirigea le Chili de 1973 à 1989, avait été arrêté, le 16 octobre dans une clinique londonienne où il était venu se faire opérer, sur la base de la demande d'extradition d'un juge espagnol.

Les juges britanniques ont fondé leur décision sur le principe de «l'immunité souveraine» qui s'applique aux chefs d'Etat ou de gouvernement. Selon cette règle, un chef d'Etat ou de gouvernement ne peut être poursuivi, jugé ou extradé pour ses activités et prérogatives par un tribunal national d'un pays tiers. Les avocats du dictateur chilien avaient plaidé que faute du respect de ce principe, la reine d'Angleterre pourrait être arrêtée pour les morts argentins de la guerre des Malouines, ou irlandais tués par les services secrets britanniques à Gibraltar.

Cette lecture de la loi signifie que non seulement les plaintes instruites par les autorités espagnoles ont été rejetées par la Haute Cour mais aussi que les instructions lancées par les victimes suiss