Bangkok, de notre correspondant.
La crise économique qui frappe l'Asie du Sud-Est a bousculé les règles du jeu au sein de l'Association des nations du Sud-Est asiatique, Asean (1). En l'espace de quelques semaines ont resurgi des divergences politiques et économiques que les dirigeants avaient, par le passé, feint d'ignorer au nom de la sacro-sainte non-ingérence qui régissait jusqu'ici l'organisation régionale. L'ambiance promet d'être tendue au prochain sommet de l'Apec, le forum économique Asie-Pacifique qui se tiendra à Kuala Lumpur à la mi-novembre et réunira les chefs d'Etat et de gouvernement asiatiques et nord-américains. Le Premier ministre malaisien, Mohamad Mahathir, serrera-t-il la main du président philippin, Joseph Estrada? se demandent des diplomates en poste dans la capitale malaisienne. Estrada a en effet pris publiquement fait et cause pour l'ancien ministre des Finances, Ibrahim Anwar, devenu aujourd'hui le principal opposant malaisien. Limogé par Mahathir, arrêté puis passé à tabac par la police, Anwar croupit en prison en attendant de passer en jugement, le 2 novembre, pour corruption et sodomie (illégale en Malaisie).
Dénonçant le mauvais traitement qu'a subi son «ami Anwar», Estrada a déclaré que «les droits de l'homme sont sans frontière et constituent un principe universel qui doit être respecté non seulement par les peuples mais aussi par leurs dirigeants». Un discours qui met en cause directement la politique intérieure du Premier ministre malaisien