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Libération

Au Chili, l'arrestation a rouvert les plaies. Espoir de justice et peur d'un retour de la dictature chez les anti-Pinochet.

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par Olivier ZITOUN
publié le 31 octobre 1998 à 12h58

Santiago, correspondance.

Sur la seule photo accrochée au mur de sa librairie en sous-sol, à Santiago, Luis Arias Manzo échange une poignée de main chaleureuse avec François Mitterrand. En 1988, le défunt président français avait rendu visite à ce Chilien alors réfugié en France. Depuis, Luis est rentré au Chili, après seize années d'exil. Il a pu reprendre une existence normale dans un pays qui tente d'oublier les années de dictature. Mais l'arrestation de l'ex-dictateur est venue rouvrir la fracture jamais vraiment comblée entre les pro et les anti-Pinochet. Comme beaucoup de ses compatriotes, Luis n'a jamais pensé que l'ancien président chilien puisse un jour être inquiété par la justice de son pays. Après avoir abandonné ses fonctions à la tête de l'Etat en 1990, il avait conservé le commandement de l'armée de terre avant d'occuper, depuis le 11 mars 1998, un poste de sénateur à vie. Cette fonction, qui lui revient de droit en vertu de la Constitution qu'il a fait adopter en 1980, lui permet d'être à l'abri de toute éventuelle action en justice. Les nombreux appuis dont il jouit encore dans le pays viennent renforcer son invulnérabilité, tout comme la loi d'amnistie couvrant les crimes commis au Chili entre 1973 et 1978.

L'annonce de son arrestation à Londres a suscité un immense espoir parmi ses opposants et toutes les victimes de sa dictature. «Il ne s'agit pas d'une soif de vengeance mais d'une affaire de justice, explique Luis. Il y a encore plus de mille disparus au C