C'est au tour de la France. Le parquet de Paris a ouvert vendredi
matin une information judiciaire pour «séquestrations suivies d'actes de torture». Ouverte contre X, l'instruction vise Pinochet pour les enlèvements d'Etienne Pesle et Alphonse Chanfreau, disparus au Chili en 1973 et 1974, et de Jean-Yves Claudet, disparu en Argentine en 1975. Ces crimes pourraient apparaître, à première vue, prescrits. Mais, après une audacieuse analyse juridique, le parquet de Paris, a rejoint les avocats des familles de victimes. Pas sur les crimes contre l'humanité qui ne peuvent être reprochés à Pinochet. Non qu'il ne les ait pas commis, mais parce que cette définition n'est inscrite au code pénal que depuis 1994. Et la loi pénale ne peut être rétroactive quand elle est plus sévère que la loi précédente. En revanche, «il est difficile de dire que les séquestrations sont prescrites, expliquait-on hier au parquet de Paris, car pour cela il faudrait savoir avec précision quand elles ont pris fin. Et là-dessus, il n'existe aucune certitude». Le problème de la compétence de la justice française a également été tranchée. Les victimes françaises peuvent demander réparation en France pour des crimes commis à l'étranger. Le juge d'instruction Roger Le Loire peut, comme le demandent les avocats des familles, Mes William Bourdon et Sophie Thonon, délivrer en urgence un mandat d'arrêt à l'encontre de Pinochet, premier pas obligatoire vers une demande d'extradition française. Et de toute façon, l'en