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Libération

Algérie: «Ce pays, on n'en veut plus!». Les gens se sentent trahis par le départ précipité du président Zeroual.

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publié le 2 novembre 1998 à 15h30

Alger envoyée spéciale

Tout a l'air normal, joyeux même. Les drapeaux de la fête nationale sont déployés au centre-ville, la crécelle d'un manège résonne au creux du ravin de la Femme sauvage, dans la banlieue de Kouba. Mais Alger semble en apesanteur depuis que Liamine Zeroual a annoncé qu'il ne terminerait pas son mandat et programmé une élection présidentielle anticipée en avril. «Même pour un extrait de naissance, on vous dit: il faut patienter et voir comment ça vous tourner», s'agace un pharmacien. Le temps s'est comme suspendu. «Ici, ce n'est pas la loi mais l'usage qui nous montre ce qu'on a le droit de faire: monter une association par exemple, ou prendre un emprunt à la banque, explique un étudiant. En ce moment, personne ne sait ce qui est toléré. Alors, on n'ose rien faire.» Censés partir en campagne, les partis politiques se sont tapis dans leurs QG respectifs, avançant pour seule déclaration qu'ils feraient une déclaration plus tard. Aucun candidat ne s'est encore déclaré. Avec résignation ou écoeurement, une Algérie exsangue après sept ans de violences attend que les «décideurs», le surnom de cette poignée de hauts militaires qui dirigent réellement le pays, règlent ses luttes de clans intestines, à huis clos et sans que rien ne filtre.

Presse muselée. «Je crois que nous sommes arrivés à un degré de folie difficilement imaginable. Plus rien n'est rationnel», explique un homme politique. Celle-ci avait notamment été exacerbée cet été par la publication de scandal