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Libération

L'ombre de l'apartheid sur la Côte-d'Ivoire. Le président Bedié aurait touché une commission sur des ventes de pétrole à Pretoria.

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publié le 5 novembre 1998 à 15h53

Le président Henri Konan Bedié a-t-il reçu des pots-de-vin de

l'Afrique du Sud de l'apartheid? Le chef d'Etat de la Côte-d'Ivoire, pays producteur de pétrole, est depuis une semaine au centre d'une bien embarrassante affaire qui éclaire d'un jour nouveau les relations équivoques qu'entretenaient Abidjan et Pretoria, du temps ou l'Afrique du Sud était mise au ban des nations. Embargo pétrolier. Tout commence en mars 1997, en Afrique du Sud, quand le ministre des Mines et de l'Energie, Penuell Maduna, décide de lancer un audit des comptes de la compagnie pétrolière nationale pour tenter d'éclaircir le rôle qu'elle a joué sous le régime du Parti national de Frederik De Klerk. Une enquête longue et difficile, aussi politique qu'économique. Comment expliquer en effet que pendant toutes les années de l'embargo pétrolier (1976-93), l'Afrique du Sud, dépendante à 100% de l'étranger pour son approvisionnement, n'ait jamais manqué de pétrole? Le Shipping Research Bureau, fondé par deux groupes anti-apartheid néerlandais, qui a surveillé quatorze années durant l'application de l'embargo pétrolier, ou plutôt ses violations, estime qu'entre 1979 et 1990, Pretoria a pu acheter illégalement au moins 86 millions de tonnes de brut et de produits raffinés.

Transaction illicite. La «bombe Bedié» éclate il y a un peu plus d'une semaine à Pretoria, lors d'une audition devant le Public Protector (ombudsman) Selby Baqwa, désigné par le Parlement pour conduire l'investigation: les enquêteurs produis