D'abord les pluies qui l'affolent, puis le torrent de boue qui
l'emporte, puis la mer dans laquelle elle tombe sur le littoral hondurien. L'embarcation à laquelle elle tente de s'accrocher dans la tempête en compagnie de sa famille, puis les flots, toujours les flots, un jour, une nuit, six jours, six nuits. Et enfin le HMS Sheffield, un patrouilleur de la Royal Navy qui repère cette femme entre deux vagues à 120 km des côtes, qui la repêche en état de coma et la sauve. A ce quasi-miracle maritime, endeuillé par la disparition des enfants et du mari, combien de drames sous les pluies qui ne cessent de tomber depuis des semaines, sous les boues qui engluent et étouffent tout sur leur passage? Impossible de répondre. Déluge. Chaque jour qui passe depuis les dantesques éboulements de terrain de vendredi dernier, au passage du cyclone Mitch, charrie des images et des chiffres que l'on ne veut pas croire. Mardi, l'incroyable bilan de 7000 morts était prudemment évoqué. Mercredi, les 25 000 victimes étaient déjà dépassées. Mais demain? Quand on sait que le cyclone, après un essoufflement sur les terres, reprend de l'énergie sur la mer et enroule un nouveau tourbillon dévastateur en direction des maisons de torchis du Yucatan mexicain. Quand on apprend que les villages disparus sur le versant du volcan Casitas n'hébergeaient pas 2000 habitants mais près de 5000 et que seulement 180 ont été retrouvés. Quand on entend qu'un second torrent de boue a recouvert, hier, la première coulée