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Libération

Une liste de morts sème doute et colère au Maroc

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publié le 6 novembre 1998 à 15h57

Les familles de disparus exigent des précisions sur le sort

de leurs proches, qu'ils espèrent vivants.

Casablanca envoyé spécial Le 31 août dernier, la famille Manouzi recevait, dans sa maison d'un quartier populaire de Casablanca, l'hommage de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), le parti du Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi. Une cérémonie en l'honneur de Hadj Ali Manouzi et de sa femme Khadija, «un couple qui s'est distingué par sa ferme résistance durant soixante-trois ans de lutte pour la dignité et la démocratie dans ce pays», relevait, le lendemain, la presse du parti. Présent, le numéro deux de l'USFP, Mohamed El Yazigh, rappelait que «cette même famille a offert à notre peuple la plupart de ses membres»" Deux mois plus tard, Abdelkrim Manouzi, l'un des fils de Hadj Ali, ne décolère pas. Dans son cabinet médical de Casablanca, ce diplômé de la faculté de médecine de Rouen refuse de croire à la mort de son frère Hocine, qui figure pourtant sur la liste des 56 disparus dont les autorités ont reconnu, le mois dernier, qu'ils étaient décédés (lire Libération du 17 octobre 1998). «Nous refusons cette annonce, nous dit Abdelkrim Manouzi. Nous le croyons encore vivant, malgré la déclaration de la Commission consultative des droits de l'homme. Hocine est vivant, comme de nombreux autres disparus. Il faut nous prouver qu'ils sont morts. Sans corps, nous refusons.» Une colère qui, pour la famille Manouzi, dure depuis vingt-sept ans, depuis la disparit