Washington, de notre correspondant.
Newt avait promis de chasser Bill de Washington. Mais c'est Newt qui a été obligé de fuir soudainement la capitale. Vendredi soir, Newton Lewis Gingrich, alias Newt, numéro un du parti républicain et ennemi juré de Bill Clinton a annoncé qu'il abandonnait son poste de speaker de la Chambre des représentants (équivalent du président de l'Assemblée nationale) et quittait le Congrès. Il venait d'y être réélu représentant de la Géorgie. «Je ne veux pas diriger une bande de cannibales», a-t-il expliqué. Les «cannibales» sont les parlementaires dont il était le chef depuis qu'il les avait menés à la victoire aux législatives de 1994.
Guignol. L'échec républicain aux élections du 3 novembre (moins 5 sièges à la Chambre, statu quo au Sénat) a provoqué une mutinerie dans les rangs républicains. Ses troupes reprochaient à Gingrich d'avoir accumulé les bourdes stratégiques. Clinton a salué le départ d'«un adversaire de valeur», qu'il regrettera sans doute: dans le théâtre politique de Washington, le mano a mano de Bill et Newt ressemblait depuis six ans à l'éternelle confrontation entre Guignol et le Gendarme. Et à tous les coups Bill finissait par rosser Newt" Gingrich aura été, écrit Michael Barone dans l'Almanach de la politique américaine «un personnage central». Ce professeur d'histoire âgé de 55 ans, très imbu de lui-même, s'était défini comme «à la fois un révolutionnaire, un homme d'Etat, un dirigeant de parti et un intellectuel», «architecte d