Menu
Libération

Le martyre oublié des Amérindiens. Au Canada, des milliers d'enfants ont subi la politique d'assimilation de 1950 à 1980.

Article réservé aux abonnés
publié le 9 novembre 1998 à 16h08

Le leader des communautés indigènes du Canada, Phil Fontaine, devait

être reçu ce matin en audience privée par le pape Jean Paul II, à la tête d'une délégation de représentants indiens. Il exige des excuses et des dédommagements de l'Eglise pour les membres de sa communauté victimes, alors qu'ils étaient enfants, de sévices sexuels dans les écoles catholiques.

Montréal, de notre correspondant.

«Pour les Amérindiens, Jean Chrétien (aujourd'hui Premier ministre du Canada, ndlr) est ce que lord Durham (1) a été pour les Canadiens français: quelqu'un qui n'a cessé de nier la spécificité culturelle d'un groupe ethnique et qui a prôné son élimination en recourant à une assimilation active», explique Roméo Saganash d'une voix posée.

Si le ressentiment de cet Indien cri de 36 ans, membre du grand conseil de sa nation, diplômé en droit de l'université du Québec à Montréal, se fixe sur l'actuel chef du gouvernement canadien, c'est qu'il a été directement touché par la politique de ce dernier, qui fut, dans le cabinet de Pierre Elliott Trudeau, ministre des Affaires indiennes et du Nord de 1968 à 1974. C'est aussi que Roméo Saganash n'a pas compris le refus du Premier ministre d'exprimer lui-même, il y a dix mois, les «regrets» du gouvernement canadien pour les préjudices subis par les Amérindiens. «Lorsqu'il s'est agi, à la fin des années 1980, de présenter des excuses aux Canadiens d'origine japonaise qui avaient été spoliés de leurs biens durant la Seconde Guerre mondiale, c'est le Pre