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Libération

La révolte des anciens Viêt-côngs

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Suicides, immolations: les vétérans de la guerre ne tolèrent plus la misère.
par Marina NGUYEN, Viêt-nam correspondance
publié le 13 novembre 1998 à 16h28
(mis à jour le 13 novembre 1998 à 16h28)

Le régime communiste vietnamien n'a plus la cote, même auprès de ceux qui ont combattu armes à la main contre l'occupant américain. Les anciens combattants n'hésitent plus à critiquer la faillite économique du système. Certains versent dans la dissidence ouverte, s'immolent par le feu en signe de protestation, et prennent même la tête de rebellions paysannes que Hanoi s'efforce de cacher au monde extérieur. «Entre un Viêt-nam développé, prospère, indépendant et démocratique, et un Viêt-nam à orientation socialiste mais très pauvre, je choisis un pays prospère et démocratique"» Le Van Mai lit à haute voix des extraits de la dernière lettre ouverte que le général Trang Do, vétéran auréolé de prestige, a adressée au Parti communiste vietnamien (PCV) pour demander l'introduction du multipartisme. Après une pause, il déclare: «Je suis du même avis. Les gens ont faim alors que le pays est en paix. Le système politique doit changer pour permettre au pays de se développer afin de pouvoir nourrir ses enfants.»

Le Van Mai, 53 ans, est aussi un vétéran. Il résume l'amertume et le ressentiment qu'éprouvent aujourd'hui de nombreux anciens combattants de l'Armée populaire du Nord-Viêt-nam communiste. Pour la plupart fils de paysans, ils ont sacrifié leur jeunesse pour l'indépendance et se retrouvent toujours en bas de l'échelle sociale. Dans les campagnes, ils sont paysans. En ville, ils sont cyclo-pousse, vendeurs ambulants, réparateurs de vélos" Après des décennies de conflit, le pays co