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Libération

Pinochet: l'universalité de la justice a l'epreuve. Les lords ont achevé leurs auditions, hier à Londres.

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publié le 13 novembre 1998 à 16h27

Londres de notre correspondant

Il n'est pas facile de juger l'histoire ni ses acteurs, même les plus monstrueux. En droit, les cinq lords britanniques qui ont achevé hier leurs auditions doivent juger en appel de la validité de l'immunité souveraine accordée par la Haute Cour de Londres au général Pinochet. Dans le monde réel, leur décision est un test de l'universalité de la justice. Comme le rappelaient, jour après jour, les proches des milliers de victimes de Pinochet, présents au fond de la salle du tribunal, pour qui ces arides et techniques débats prennent une réalité de chair et de sang. «Ce cas est très important et très complexe», a reconnu, à l'issue des audiences, lord Slynn, le président de la commission judiciaire de la Chambre des lords, qui a déclaré, sibyllin, qu'il annoncerait sa décision «en temps voulu». «Vraisemblablement la semaine prochaine», traduisait Alun Jones, l'avocat du ministère public et du royaume d'Espagne, dont la demande d'extradition le mois dernier a permis l'arrestation du dictateur chilien, venu se faire soigner à Londres.

Un pronostic sur la décision de la Chambre des lords, qui sert outre-Manche d'ultime tribunal d'appel, paraissait tout aussi hasardeux. Même si la plupart des juristes continuaient à penser que les lords confirmeraient la décision de la Haute Cour, sur la base d'une lecture étroite du droit international gouvernant l'immunité accordée aux chefs d'Etat, passés ou présents. Cette immunité, selon le droit anglais, est «a