Jamais, contrairement à leurs déclarations de l'époque, les Etats-Unis de Richard Nixon n'ont accepté l'élection de Salvador Allende à la présidence du Chili. C'est ce que révèlent un certain nombre de documents officiels américains récemment «déclassifiés». Même expurgés, ces documents sont accablants pour l'administration américaine.
Ils établissent, notamment, que dès qu'ils apprennent l'arrivée du candidat de la gauche en tête de l'élection, le 4 septembre 1970, les plus hauts responsables américains décident de passer aux actes. Une réunion est convoquée le 15 septembre à la Maison Blanche. Y participent, outre Nixon, Richard Helms, le directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), Henry Kissinger, en charge de la sécurité nationale, et John Mitchell, secrétaire à la Justice et ami proche du président. C'est ce jour-là que Nixon, en cachette du département d'Etat, donne l'ordre au directeur de la CIA de tout faire pour empêcher Allende d'accéder au pouvoir (il ne doit entrer en fonctions que le 4 novembre suivant) ou pour l'en chasser. Nixon débloque, à cette fin, des crédits spéciaux de 10 millions de dollars (équivalent à environ 50 millions de dollars aujourd'hui). Kissinger est chargé du contact quotidien avec l'Agence.
Le lendemain, la CIA donne mission à son chef de poste à Santiago de tout faire «pour qu'Allende soit renversé par un coup d'Etat». «Passez en revue toutes les possibilités actuelles ou futures, précise cette note, y compris actions de propagande,